Nous commençons l'exploration de Mrauk U par le temple de Kothaung. Il y a quelques années encore, ce temple était prisonnier de la forêt environnante. Aujourd'hui, le site a été nettoyé et la restauration a commencé. Au bas des marches, nous enlevons nos sandales car l'endroit est encore vénéré. Commence alors une marche pénible pour nos pieds d'Occidentaux, peu habitués à ce genre de sport. De la plante des pieds, nous tâtons la mousse et le gravillon. Courage ! Quand on veut jouer les Indiana Jones, il y a un prix à payer. L'édifice est monumental. De part et d'autre de l'escalier, se dressent plusieurs rangées de pagodons en pierre. A l'origine, ce temple forteresse, datant de 1553, contenait 90 000 images. Les archéologues tentent de remettre les pierres en place. Au sommet de l'escalier, une plate-forme carrée accueille un stoupa. |
Un couloir encadre la construction en suivant le périmètre de la plate-forme. Une arcade nous invite à nous faufiler à l'intérieur d'un corridor. Nous plongeons dans une semi-clarté qui laisse entrevoir les silhouettes de deux statues qui se font face. Des Bouddhas assis, la main droite coulant le long du genou droit, la main gauche prenant appui sur la jambe gauche, la paume tournée vers le ciel. A l'angle du couloir, un trait de lumière surexpose un pan du mur. Lorsque nous tournons le coin, une enfilade d'arches crée une perspective à donner le frisson. Ici la lumière exulte, car avec l'usure du temps, et les intempéries le toit s'est effrondré laissant pénétrer les rayons du soleil dans les entrailles du temple. Les statues du Bouddha s'alignent de chaque coté du boyau de pierre. Certaines sont restaurées, mais d'autres ont passé l'épreuve du temps sans trop de dommages. Les mousses, comme un fond de teint, s'étalent sur les visages de pierre et confère à l'endroit une atmosphère de lieu inviolé. |
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Pendant plus d'une heure, nous déambulons dans cette tranchée archéologique, nous émerveillant à chaque pas. Des murs entiers sont parfois recouverts de petites niches qui accueillent chacune une représentation du Bouddha. C'est tellement beau que nous en oublions les tourments que nous imposons à nos pieds. Tandis que l'appareil digitalise ce que nous voyons, pas un bruit, pas une âme à l'horizon. |
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Eddy |